Pièce pour 8 interprètes, créée en 1999 au théâtre des Abbesses à Paris, avec 4 duos
Première neige, Noce, L’eau vive, Charbon tomates et pommes de terre
Be… être,
là où l’amour a le temps de nous traverser,
pas l’amour proclamé, triomphant, mais l’autre,
celui qui nous surprend, qui nous arrive,
qui nous enlève à nous-mêmes.
Be, pour parler de ceux qui s’aiment sans bruit
et aussi de ceux qui s’aiment en criant,
qui ont peur et qui s’abiment
serrés sous un p’tit parasol
au bord du précipice
Christine Bastin
Chorégraphie et mise en scène: Christine Bastin
Interprétation: Michel Abdoul, Pascal Allio, Serge Ambert, Katharina Bader, Christine Bastin, Lara Kohn, Hughes Martel, Pascaline Verrier.
Lumière: Philippe Montbellet, Patrick Debarbat
Création bande-son: Christophe Séchet
Costumes: Donate Marchand
Scénographie: Philippe Meynard assisté de Karine Wehner
Textes: Jean Vautrin, Christine Bastin
Durée de Be : une heure quinze
Direction technique: Nicolas Guellier
Les partenaires: Production et co-production : La Folia / Théâtre de la ville Paris / centre culturel Athis Mons Avec le soutien du Conseil général de l’Essonne , de l’ADAMI, de la DRAC Ile-de France. Résidence à l’Opéra de Massy.
Danse très écrite, soigneusement composée, tous les duos de Be portent la marque d’un style, physique, charnel et sans concession, parfaitement reconnaissable. Pourtant ils signalent aussi l’inflexion en cours dans la façon qu’à Christine Bastin d’élaborer ses pièces. Après plusieurs œuvres structurées et théâtrales ( Bless 88, Abel-Abeth 89, Grâce 91, Gueule de loup 92, il y a eu (Affame 94) début d’un infléchissement. L’amour y tournait autour de l’ombilic, celui de la femme enceinte, portant haut sa grossesse et revendiquant sa sensualité. Puis il y eût La Fugue (96). A l’occasion du Festival d’Avignon qui lui avait commandé sa pièce, Christine Bastin se livrait en solo, pendant presque une heure. Elle se moquait d’elle, dévoilait tout, acceptait de ne pas tout contrôler. Les duos de Be dans leur nudité et leur humanité, sont le pendant de cette expérience. Il n’est même plus besoin de la construction dramatique pour descendre au cœur de la chair aimante, l’exploration n’exige même plus d’élaborer une stratégie. L’amour se niche au plus obscur du cœur, de la peau. Sans dévier de sa recherche, Bastin, après la plongée tragique dans les abîmes de la passion, tente avec Be l’expérience d’une exploration encore plus complexe, celle de l’évidence. Parce que le plus profond, c’est la surface.
Philippe Verrièle – in programme Théâtre de la Ville / Paris ( extraits)…Comme toujours chez Bastin, la danse est pleine, nerveuse, majestueuse et on se régale.
Marie-Christine Vernay – LibérationA fleur de peaux.
Je me suis dit qu’on écrivait toujours sur le corps mort du monde et de même, sur le corps mort de l’amour. Que c’était dans les états d’absence que l’écrit s’engouffrait pour ne remplacer rien de ce qui avait été vécu ou supposé l’avoir été, mais pour consigner le désert par lui laissé. Et si la danse jouait pour certains chorégraphes, la même fonction que l’écriture, alors les quatre duos de Be, la dernière création de Christine Bastin, sont la mise en perspective parfaite de la phrase de Marguerite Duras.
Quatre duos, quatre superbes appropriations de l’état amoureux par des corps en situation de don absolu. Dans Be, l’amour est partout. Il sourd de chaque geste, de chaque élan, de chaque phrase prononcée… ne te courbe que pour aimer a écrit le poète René Char… Christine Bastin soude par sa présence les quatre perles de ce collier d’amour, n’hésitant pas à se dévoiler. Sa danse a gagné en apaisement, la relation à l’autre est vécue plus sereinement. Même si à l’arrivée, l’amour ne se satisfait pas de cette sérénité, qu’il demeure bataille permanente.
Claudine Colozzi – Les Saisons de la Danse…Christine Bastin appartient à cette race en voie de disparition de chorégraphes qui placent inlassablement les corps au centre du discours… sa danse aide à rééduquer nos regards… il faut se poser face à elle comme face à une œuvre. C’est face à cette forme d’humilité chorégraphique que l’on retrouve les émotions des corps…
Stephane Lebard – Lyon Capitale